the world is a fuckin' mess. (ft.eleanor)

Ce n’était pas dans ses habitudes, pas son crédo. La veuve et l’orphelin, Robin des bois, tout ce tintouin, Cole n’en avait les trois quart du temps rien à faire. Et puis, elle avait dans l’idée que rester en dehors des trucs politico-corrects était le meilleur moyen d’assurer sa survie dans cette nouvelle société. Seulement cette Eleanor lui tenait la jambe depuis trop longtemps et ses arguments étaient… solides. Bien sûr que la rousse avait raison. Le marché de l’immobilier à Miracle ne pouvait être appelé 'marché' que parce que la concurrence était rude ; mais loin d’être loyale. Une famille qui attendait un relogement depuis plusieurs mois avait, par exemple, encore été mise de côté au profit d’un homme ayant les moyens d’aligner les biftons. Bien qu’elle comprenne le principe, Cole en avait envie de vomir. Premier témoin de la décadence immobilière, elle essayait de faire une différence à sa petite échelle, mais en vérité elle n’avait aucun impact sur quoi que ce soit. La brune détenait simplement les clés de futures maisons, et encore, ce n’était qu’une détention provisoire. Le reste… Alors elle avait accepté de l’aider, lui filer quelques dossiers pour monter un article. Seulement l’agent immobilier refusait que son nom apparaisse où que ce soit et surtout, surtout ! il fallait qu’elle reste anonyme. Pour ce genre de choses, elle pourrait presque se faire bannir de la ville. Si l’idée de voyager un peu, bien que terrifiante aux vues des évènements, était exaltante… elle refusait de laisser Neal de côté. Il était la seule constante stable dans sa vie. Du haut de ses huit ans, il avait plus d’importance aux yeux de Cole que n’importe quel autre être vivant sur cette pauvre terre, hors de question donc de s’éloigner de lui. Pas pour l’instant. Pas alors que cette ville représentait encore le seul endroit sécuritaire du pays. Assise à cheval sur son scooter, Cole se saisit d’une clope dans un paquet à moitié vide. Paquet qu’elle devait trainer depuis plusieurs mois – pas franchement une habitude, simplement un moyen de relâcher la pression lorsque celle-ci devenait trop prenante. Cachée à l’orée du bois, c’était la cabane du vieux Glenn qui ferrait office de bureau aujourd’hui. Discrétion, on a dit. Elle était à mi-chemin de cigarette lorsque la journaliste daigna se montrer. « T’es en retard. » oui, si elle prenait des risques pour la rousse, autant la tutoyer. Histoire de. « J’ai pas beaucoup de temps, l’enchère pour l’un de mes appartements commence dans quarante minutes. » autant dire, il va falloir se grouiller. Tirant la dernière latte, une volute de fumée s’échappa de ses lèvres alors sa botte écrasait son mégot au sol. Mégot qu’elle ramassa… écolo dans l’âme. Se relevant finalement, Cole ouvrit le coffre de rangement de son scooter, attrapant un dossier noir dans un soupir. « Là-bas, on sera plus au calme. » comprenez, loin des oreilles égarées. La vieille cabane n’attendait qu’elles, et il y régnait une sombre odeur de soufre. Sans plus de cérémonie, la brune lui tendit le fameux précieux, prête à tourner les talons dès que la rousse aurait dit merci.